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Procès des Templiers par M. Lavocat

Procès

Procès des Frères et de l'Ordre du Temple - M. Lavocat

Nous offrons au public curieux d'histoire un livre intéressant, dans lequel abondent de nombreux documents peu connus.

On l'a dit bien des fois, « l'abolition de la milice du Temple est un des mystères de l'histoire les plus obscurs; les nombreuses pièces du procès donnent les motifs et non les causes véritables de cette mesure terrible » L'auteur a essayé de pénétrer ces causes et de les préciser.

Elles sont multiples

La ruine du Temple fut la conséquence de la lutte engagée par le pouvoir royal temporel contre le pouvoir spirituel, lutte dont Philippe le Bel sortit vainqueur contre Boniface VIII.

Le Roi voulut poursuivre ses avantages. Philippe provoqua la destruction d'un Ordre religieux et militaire créé uniquement pour la défense de la Terre Sainte, pour la Croisade, et qui était plutôt le sujet des Papes que le sujet des Rois.

Les acquisitions faites depuis près de deux siècles par les Templiers, leurs nouveaux acquêts, étaient devenus considérables ; l'Ordre absorbait peu à peu une partie du territoire français. Déjà du temps de Mathieu Paris, vers le milieu du treizième siècle, les Templiers avaient des possessions immenses, ils étaient aussi riches que les rois.

Philippe le Bel eut pour objectif de faire rentrer dans son domaine de fieffeux-souverain ces biens considérables, qui en étaient sortis pour devenir biens de mainmorte, libres, affranchis de tous services réels et personnels, ne rapportant plus rien à l'État. Le Roi voulut combler les vides du trésor épuisé, créer des ressources au moyen de perceptions de droits de mutation, de droits de lods et ventes, de droits de francs-fiefs à payer par de nouveaux possesseurs. Le but du Roi était de réunir en sa main tous les démembrements de fiefs des barons acquis par le Temple, amortis en partie au profit de l'Ordre, et surtout ceux non amortis.

Philippe le Bel trouvait d'un seul coup des ressources financières ; il avait sa nouvelle noblesse, les chevaliers es lois avides de biens et de récompenses, la bourgeoisie aspirant à la noblesse, les hommes de poésie (les roturiers) devenus, sous Philippe le Hardi, capables de détenir et posséder des fiefs : de nouvelles inféodations, des aliénations auraient procuré immédiatement au Roi les avantages pécuniaires dont le Trésor avait un impérieux besoin.

Philippe a-t-il cherché à frapper en même temps la noblesse de son royaume, comme on Ta prétendu ? Sans doute, l'Ordre du Temple se composait de nobles ; mais on n'a pas fait attention que cette communauté, avec ses éléments spirituels et temporels, était haïe de la noblesse du royaume, qui supportait seule les charges de la féodalité et du service militaire. Les privilèges nombreux, les exemptions dont jouissait la milice sacrée, créaient à la noblesse du royaume des obligations qui, chaque jour, prenaient une plus large extension.

Philippe le Bel, en provoquant la destruction du Temple, frappa les nobles qui composaient cet Ordre ; mais ce coup terrible n'atteignit pas directement la noblesse. Le but du Roi fut au contraire d'en ouvrir les rangs à ceux qu'il jugeait dignes et capables de rendre des services à l'État, avec tous les droits et privilèges de la noblesse, mais aussi avec tous les devoirs et obligations de celle déjà existante.

Le Roi avait plus besoin d'une noblesse que la noblesse n'avait besoin du Roi. Sans la noblesse, à cette époque, la France n'aurait pas eu d'armées, pas de généraux, pas d'officiers, pour conduire leurs hommes et ceux des communes à la bataille ; pas d'argent, pas de ces armements, de ces approvisionnements nécessités par les guerres que Philippe le Bel avait à soutenir.

Mais l'intention du Roi, son intention bien caractérisée, fut de porter un coup à l'Église romaine, de diminuer la richesse, l'influence, la puissance territoriale dont l'Église jouissait en France au treizième et au quatorzième siècle.

Les causes peuvent donc se résumer ainsi

Causes féodales, financières ou budgétaires, si l'on veut se servir d'une expression des temps modernes ; le Roi eut l'ambition d'agrandir son domaine, sa puissance souveraine personnelle : la nation était appauvrie, les besoins du Trésor étaient urgents, Philippe espéra enrichir l'État, et s'enrichir lui-même des dépouilles de l'Église du Temple.

Le Roi manqua son but

Les motifs ne furent que des prétextes. La défense de la religion, prétexte inique, étrange de la part d'un Roi se disant le premier champion de l'Église, mais employant tous les moyens pour réduire le pouvoir et l'autorité du Saint-Siège.

Les agissements de Philippe le Bel devaient avoir un résultat négatif. L'Église demeura aussi puissante, sous les rois ses successeurs, que par le passé, plus puissante même qu'elle ne l'avait été du temps de Louis IX.

Des moyens déplorables, la terreur qu'inspirait ce Roi redoutable (metuendissimus) entraînèrent un Pape. La mémoire de Philippe le Bel, la mémoire de Clément V resteront chargées dans l'histoire. Les flammes dévorèrent une grande partie de cette noblesse du Temple, composée d'hommes d'une bravoure à toute épreuve, d'une orthodoxie conforme à sa règle.

Le Roi manqua son but, avons-nous dit ; l'Ordre du Temple (et ceci est fort important à retenir) n'a été ni jugé ni condamné en jugement ; les immeubles ne furent donc pas confisqués au profit du Roi, au profit du fisc; Clément V, en vertu de son autorité apostolique, de son pouvoir personnel, et sous sa seule responsabilité, cassa l'Ordre parce que le Roi de France, son fils chéri, avait cette affaire à cœur (cui negotium erat cordi). Les immeubles échappèrent à la convoitise de Philippe, restèrent biens d'Église, et furent adjugés aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem et à d'autres gens d'Église.

Lorsqu'on emploie les termes généraux : condamnation de l'Ordre du Temple, on se sert d'expressions qui tendraient à faire croire qu'il n'y eut qu'un seul procès, celui dirigé contre l'Ordre.

L'auteur fait ici une distinction importante. Il y eut deux sortes de procès : les uns, dirigés contre les personnes des Templiers, furent instruits par des commissions d'inquisiteurs et jugés par des conciles provinciaux institués en France et à l'étranger ; l'autre procès fut suivi contre l'Ordre seul (contre la personne morale) ; ce procès fut instruit par une grande commission spéciale nommée par Clément V, qui siégea à Paris ; il devait trouver des juges au concile général de Vienne.

Les personnes furent condamnées par les conciles de Sens (Paris), de Senlis (Reims), de Pont-de-1'Arche (Rouen), par les conciles de Pise, de Florence, de Provence, de Sicile. Les Templiers furent déclarés innocents par les conciles de Ravenne, de Salamanque, de Mayence. Le concile de Londres, tout en reconnaissant l'innocence des Frères, les condamna à la pénitence perpétuelle ; ils furent répartis dans divers couvents ; ils y menèrent une conduite édifiante d'observance et de piété.

Le concile de Vienne refusa de juger l'Ordre, de le condamner sur le vu de l'enquête de la grande commission : 1° parce que l'Ordre n'avait pas été cité; 2° parce qu'un grand nombre de conciles provinciaux avaient absous les personnes et proclamé l'innocence de l'Ordre.

Philippe le Bel fut l'inventeur de ces divers procès, et, suivant l'expression de Dupuy, le Roi fut le premier qui remua cette pierre. Rien n'est plus exact.

Les autres motifs, c'est-à-dire les autres prétextes, furent ceux mis en usage au moyen âge contre tout ce que le despotisme voulait faire disparaître : l'hérésie, l'apostasie, l'idolâtrie, les mauvaises mœurs. Les moyens de preuve employés (et qui étaient toujours infaillibles) consistèrent dans la torture, 1$ question, les violences, les menaces de mort, la terreur, les promesses d'argent, de subsides et de pensions, la subornation des témoins, le mensonge, les manœuvres pratiquées dans les prisons, la partialité des juges ecclésiastiques, la pression exercée sur le plus grand nombre, la corruption de quelques-uns.

Les aveux arrachés par la torture, la douleur et les menaces de mort constituaient à cette époque des preuves juridiques. Un grand nombre de Templiers se rétractèrent; mais ils furent condamnés au feu, comme impénitents, obstinés et relaps.

Dans quelques maisons du Temple, et non dans toutes on faisait subir au profès une épreuve terrible et détestable. On imposait au profès, qui venait de prêter son serment en entrant dans l'Ordre, l'épreuve de renier Jésus-Christ, de cracher sur la croix, de subir des baisers indécents. C'était une épreuve d'obéissance passive, d'abnégation de volonté ; l'épreuve du reniement se retournait contre les ennemis de la foi.

On jugeait, d'après la résistance opposée par le profès à se soumettre à cette redoutable épreuve, de l'énergie qu'il déploierait en combattant les infidèles, du refus opiniâtre, inébranlable, de renier Jésus-Christ et sa foi pour sauver sa vie, s'il venait à tomber entre les mains des Sarrasins.

Cette série d'épreuves n'était qu'une détestable et grossière plaisanterie... un jeu... une brimade : « trufa… » « jocus… » un semblant... une fiction... qui n'avaient aucune conséquence pour la foi ; il n'en restait plus rien, lorsque le profès était revenu de cette épouvante.

L'enquête fait connaître divers incidents qui ont entraîné la conviction de l'auteur. Cette opinion s'appuie sur des textes nombreux.

Ceux qui voudront lire les documents inédits, méditer et peser l'ensemble des témoignages, décideront si l'auteur s'est trompé.

Au cours de la volumineuse enquête à laquelle il fut procédé à Paris, trois Templiers seulement dans tout l'Ordre, vaincus par la torture, la douleur et les menaces de mort, se sont accusés d'infamies, mais ils se rétractèrent. L'enquête nous donne leurs noms et nous fait connaître leurs déclarations.

Philippe le Bel s'appropria toutes les valeurs mobilières du Temple, qui étaient incalculables ; sa famille, sa femme, ses enfants et son frère Charles de Valois en usèrent largement. L'auteur a essayé d'établir le compte des valeurs immenses qui furent usurpées « approfitées » par le Roi et sa famille.

La destruction de l'Ordre du Temple ne profita en rien à la nation, qui perdit l'action utile, dans le Levant, en Grèce et en Orient, d'une milice qui, composée en la plus grande partie de Français, sagement réformée, aurait pu créer une marine florissante, un vaste empire, des relations commerciales et politiques considérables qui échappèrent à la France dans le présent et dans l'avenir. Aucun témoignage ne s'est produit concernant les prétendues habitudes criminelles imputées aux Templiers... tous protestèrent. La preuve entreprise contre eux et centre l'Ordre reste pour nous à l'état de calomnie et de diffamation : la règle punissait des peines les plus sévères (la prison perpétuelle, in pacé) ceux qui étaient convaincus de telles ignominies.

Les documents joints à la Règle attestent qu'elle fut de tout temps appliquée sans pitié à ceux qui se rendaient coupables d'actes pareils.

Chapitre 1

Commencements des pauvres soldats du Temple (pauperes commilitones Christi templique Salomonici). — Hugues de Payens et Godefroy de Saint-Omer. — Leur vœu, leurs services. — Un seul cheval sert à ces deux chevaliers. — Leur cachet. — De 1118 à 1127,1a petite communauté se compose de neuf chevaliers. — Ils demandent la règle. — Le pape Honorius II et Bernard, abbé de Clairvaux

Chapitre 2

L'abbaye de Clairvaux. — Bernard. — Sa doctrine. — Les deux glaives. — L'épée spirituelle et l'épée temporelle. — Constitution d'une religion armée.
— Unité du dogme. — Unité politique sur le modèle de l'unité catholique.
— Idée fixe de l'abbé de Clairvaux de préserver l'Occident contre l'invasion des Sarrasins et du monothéisme.

Chapitre 3

1128, concile de Troyes. — La règle. — Hugues de Payens, le patriarche de Jérusalem, Etienne de la Fierté. — Révision de la règle par Bernard. — Compléments apportés à la règle latine. — Statuts et règlements de l'Ordre trouvés par Maillard de Chambure. — L'Église connut-elle ces additions à la règle ?

Chapitre 4

La blanche chlamyde des chevaliers. — Donations de Raoul le Gros, d'Hugues de Payens, de Godefroy de Saint-Omer, de Payen de Montdidier, de Barthélémy de Vire, de Thierri, comte de Flandre. — Bernard recommande les chevaliers aux puissances du siècle'. — Ses lettres. — 1132, richesses croissantes de l'Ordre. — Princes, comtes et barons se font Templiers. — André, oncle de Bernard; Hugues, comte de Champagne. — Résumé de l'exhortation aux chevaliers. — Bernard leur fait accorder par le pape Eugène III, son disciple, la faveur de porter la croix rouge, du côté gauche, sur leur manteau. — Même faveur accordée aux Frères inférieurs portant robe noire,— Bernard et Pierre le Vénérable.

Chapitre 5

Les pèlerins et les Templiers. — Alphonse le Batailleur, roi d'Aragon. — Munificence du roi Louis VII. — Lettres adressées au Roi par le grand maître Bertrand de Blanquefort et par un grand de l'Ordre, Fulcherius. — Les Templiers s'installent à Paris en 1146. — Charte de Simon, évêque de Noyon. — Munificence de Baudouin III, roi de Jérusalem. — Donations de Thibaut, comte palatin de Troyes, de la princesse Constance, sœur de Louis VII, de l'impératrice Mathilde, de Henri II, roi d'Angleterre, duc de Normandie, de Richard Cœur de lion et de Jean, son fils, de Philippe-Auguste, de la reine Alix sa mère, d'Adelicia, veuve du comte de Blois. — En 1181, les Templiers créent une boucherie à Paris, pour les besoins de la population (de la ville), et à cette seule considération de lui être utile. — 1193. L'Ordre comprend 900 chevaliers. — Envahissement des biens des églises et des dixmes.

Chapitre 6

Certains privilèges généraux et spéciaux accordés par les papes. — Les Templiers affranchis de la juridiction des évêques. — Au commencement du treizième siècle, l'Ordre possède 9,000 maisons, « maneria. » — Opinion de Matthieu Paris. — La confession disciplinaire. — Martin IV et les Templiers. — Croisade d'Aragon. — Les chevaliers servent dans cette croisade. Pourquoi? — Ils avaient déjà servi dans les croisades contre les Albigeois. Pourquoi ?

Chapitre 7

Les Templiers seigneurs féodaux. — Le grand maître prince souverain. — Biens du Temple. — Coup d'œil sur les droits de mutation. — L'amortissement. — Les abrègements de fiefs. — L'allodium. — L'Ordre a tous les avantages de la féodalité, sans en avoir les charges. — Travaux considérables des Templiers. — Défrichements de bois et forêts. — Mise en culture de landes et bruyères. — Dessèchements de marais. — Création de vastes centres agricoles. — Revenus de l'Ordre au quatorzième siècle, près de 57 millions de francs. — Calculs approximatifs. — Emploi des revenus.

Chapitre 8

Revers de la septième croisade. — Grégoire X veut réunir les deux Ordres du Temple et de l'Hôpital. — Concile de Lyon, 7 mai 1274. — Le Pape échoue dans ses projets. — Chute d'Accon, 16 juin 1290 ; massacre des Templiers. — Nicolas IV veut réunir les trois Ordres militaires : le Temple, l'Hôpital et l'Ordre Teutonique. — Concile de Salzbourg. — Le grand maître du Temple s'oppose à cette fusion. — Conséquences de ce refus. — Clément V ne pourra parvenir à fusionner les deux Ordres du Temple et de l'Hôpital.

Chapitre 9

L'Ordre du Temple mêlé aux différends de Boniface VIII et de Philippe le Bel. — Lutte entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel. — Ambition du Roi. — Promesse du Pape de transférer l'Empire romain à un prince français. — Décimes royaux. — Plaintes du clergé de France. — Principales bulles du Pape : Clericis laicos, Noveritis nos, Ausculta fili, Pétri solio excelso. — Boniface joue Philippe le Bel à l'occasion de l'Empire. — Jubilé de l'année 1300. — Philippe le Bel envahit le comté de Melgueil. — L'évêque de Pamiers, Saisset. — Bertrand de Got, archevêque de Bordeaux. — 10 avril 1302, réunion des états généraux. — Philippe le Bel reconnu comme fieffeux souverain. — Lettre du clergé au Pape. — Lettre de la noblesse. — Concile de Rome. — Session du 13 novembre 1302. — Constitution Unam sanctam. — 11 février 1302, le Roi fait brûler publiquement à Paris la bulle Ausculta « fili » : — Assemblée des prélats et barons des 17 et 20 janvier et 12 mars 1302. — Grande assemblée tenue au Louvre les 13 et 14 juin 1303. — Appel au futur concile contre Boniface; les Templiers donnent leur adhésion. — Conciles provinciaux; les Templiers donnent encore leur adhésion. — Adhésion des couvents de Paris et de Toulouse. — Adhésion des diverses Eglises, des monastères et couvents, même des communautés de femmes. — Etrange conduite des abbés de Cîteaux, Cluny et Prémontré. — Bulle d'excommunication Pétri solio excelso, du 8 septembre 1303. — Attentat d'Anagni. — Mort de Boniface VIII, 11 octobre 1303.

Chapitre 10

Mémoire de Nogaret au Roi. — Il lui conseille d'en rester là quant à présent. — Nogaret et l'avocat du Roi, Dubois, indiquent certains moyens de défense à opposer à l'Eglise de Rome, si elle inquiète Philippe le Bel, — Moyens tirés des Ecritures. — Dubois soulève la question du célibat des prêtres. — Philippe le Bel ne voulut jamais aller jusqu'au schisme. — La bourgeoisie et le peuple aimaient le Roi, tout en le redoutant. — Vaillance, patriotisme de Philippe le Bel. — Le pape Benoît XI. — Ce pape releva le roi de France, sa femme et leurs enfants, les grands et le royaume, de toute excommunication. — 7 juillet 1304, mort de Benoît XI. — Réflexions.

Chapitre 11

Bertrand de Got, archevêque de Bordeaux. — Intrigues des Colonna, du cardinal de Prato et de Philippe le Bel. — Bertrand de Got élu pape. — Roman de Villani. — Ambassadeurs de Philippe le Bel à Bordeaux. — On y traite d'affaires secrètes. — Lesquelles ? — Lettres importantes du Pape à Philippe le Bel. — Opinions des plus anciens auteurs : Vecerius, saint Antonin, Jean Marius. — Opinion de M. Boutaric. — Etranges révélations faites à Philippe le Bel au sujet des Templiers. — Solennité du couronnement du nouveau pape à Lyon. — Attitude de Philippe. — Accidents, conférences. — Promesses du Pape. — Rapport de la constitution Unam sanctam. — La bulle Clericis laicos rapportée plus tard. — Vengeances du Pape contre Gérard Pigalotti, évêque d'Arras, et contre Gauthier de Bruges, évêque de Poitiers. — Exactions commises par l'entourage du Pape. — Retour du Pape à Bordeaux. — Roberies commises par ses gens au préjudice des Eglises de France.

Chapitre 12

Clément V et Philippe le Bel mettent les mains sur les libertés de l'Église de France, sur le droit d'élection. — Ils choisissent des créatures et les élèvent aux dignités de l'épiscopat. — Nominations scandaleuses.

Chapitre 13

L'Ordre du Temple inspirait tout à la fois des jalousies et des craintes. — Détesté de la noblesse, du clergé, de la bourgeoisie et du peuple. — Pourquoi ? — On lui reprochait son âpreté au gain, son avarice, certains moyens employés pour acquérir, — On lui reprochait d'avoir été la cause de la prise de Louis IX à Damiette. — Belle conduite de l'Ordre du Temple au combat de la Massoure. — Motifs du refus de contribuer à la rançon de Louis IX. — Récit du sire de Joinville. — La clef. Le Roi. — Fidélité de l'Ordre au Roi, ses services. — Le Roi n'accusa pas l'Ordre de félonie. — Crimes de l'Ordre : son indépendance, sa souveraineté, sa richesse. — Aucun dessein dangereux contre la monarchie des Capétiens. — Faiblesse de Molay devant les inquisiteurs. — Il se relèvera en face de la mort.

Chapitre 14

La règle du Temple, cause de sa grandeur et de sa perte. — L'Ordre ne reconnaissait d'autre maître que Dieu. — République aristocratique. — Hiérarchie basée sur l'élection. — Le couvent obéit au grand maître, et le grand maître au couvent. — Jalousie de Philippe le Bel. — L'Ordre a le droit de basse, moyenne et haute justice dans ses possessions. — Conflits entre les officiers de l'Ordre et les officiers de Philippe-Auguste, après l'agrandissement de l'enceinte de Paris. — Philippe le Hardi reconnaît aux Templiers le droit de basse justice et de cens dans leurs possessions à l'intérieur de Paris, et le droit de haute, moyenne et basse justice, la libre disposition de leurs biens, pour toutes leurs possessions en dehors de l'enceinte. — Queue du Temple. Philippe le Bel décharge les habitants de la Villeneuve-le-Temple des impositions de la capitale. — Maltôte de 1292. — Sédition à Rouen, pillages, graves conséquences. — La ville perd ses privilèges, concédés par Philippe-Auguste et par Philippe le Hardi. — Lettres patentes de 1207 et de niai 1278. — Philippe le Bel rend, en 1309, à la ville de Rouen ses privilèges. — Extension considérable du commerce maritime de Rouen, de la navigation et des pèches, sous Louis le Hutin. — Ordonnance royale du mois de juillet 1315.

Chapitre 15

En faisant rentrer les biens du Temple dans son domaine, le Roi voulait les rendre à la vie civile et à la loi féodale. — Nécessité d'obtenir une condamnation en justice contre l'Ordre. — Le bénéfice de la confiscation, l'encours d'hérésie. — Concours du Pape indispensable. — L'Ordre justiciable du Pape seul. — Dangers politiques pour le Roi résultant de la confiscation. — Observations faites à ce sujet par le roi d'Angleterre, duc de Guyenne. — Lettre importante du Pape à Philippe le Bel, du 9 novembre 1310. — Perplexités de Clément V. — Aucun concile général ne consentira à déposséder l'Eglise de ses biens. — Empressement des hommes libres à se donner au Temple. — Pourquoi ? — Avantages de la recommandation. — Source de bénéfices énormes et d'influence pour les Templiers. — Patriotisme de Philippe le Bel. — Le Roi veut employer aux besoins de la défense nationale les forces vives de la féodalité. — Le Roi n'a pas voulu détruire le système féodal. — Philippe le Bel compose avec les églises pour obtenir le payement des décimes nécessaires aux besoins et aux dépenses de là guerre. — En 1279, 1289 et 1304, le Roi amorti les biens de l'Ordre du Temple. — Pourquoi ?

Chapitre 16

Juin 1306, ordonnance de Philippe le Bel rétablissant la forte monnaie. — Exigences des propriétaires de maisons à Paris. — Émeute. — Le Roi reçoit asile au Temple. — Son orgueil froissé. — Pillage, mise à sac de la Courtille-Barbette. — Pendaisons. — L'Ordre est dénoncé. — Avril 1307, voyage du Roi à Poitiers, conférence avec Clément V. — Les deux souverains tombent d'accord de faire chacun de son côté une enquête à l'occasion des dénonciations. — Menaces de Philippe le Bel de suivre le procès contre la mémoire de Boniface VIII. — Lettre du Pape. — Clément mande auprès de lui les grands maîtres du Temple et de l'Hôpital. — Voyage de Molay à Poitiers. — Prétendues révélations de Cantilupo, Templier, camérier du Pape.

Chapitre 17

Lettres dites de cachet de Philippe le Bel, du 14 septembre 1307. — L'arrestation générale des Templiers est décidée le 25 septembre en conseil secret tenu à Pontoise; elle est fixée au 13 octobre dès l'aube, par toute la France. — Nogaret nommé garde des sceaux en remplacement de l'archevêque de Narbonne, Gilles Aisselin. — Instructions données par Guillaume Imbert, confesseur du Roi, inquisiteur de la foi en France, aux inquisiteurs de Toulouse, Carcassonne et autres.

Chapitre 18

Le jeudi 12 octobre 1307, le grand maître Molay assiste en grande pompe aux funérailles de Catherine de Courtenay, deuxième femme de Charles de Valois, frère du Roi. — Les Templiers ne se doutent pas qu'ils seront arrêtés le lendemain. — Conjuration. — Arrestation générale des Frères le 13 octobre au matin, dès l'aube. — Massacres à Arras. — Philippe le Bel prend possession du Temple, de la tour, du trésor et des archives. — Description de la tour du Temple, élevée au commencement du treizième siècle par le trésorier Frère Hubert. — 15 octobre, lecture, sur la place du Palais, des énormités dont les Templiers sont accusés. — Le but était de soulever la clameur publique contre l'Ordre, de légitimer les poursuites (d'office, ex officio), comme en matière de flagrant délit. — Exécution des ordres du Roi et des instructions de Guillaume de Paris dans les provinces.
— Lettres de Philippe le Bel aux princes étrangers. — Réponses du duc d'Aquitaine, roi d'Angleterre, du roi des Romains, de l'archevêque de Cologne et du duc de Brabant.

Chapitre 19

Le 18 octobre 1307, Guillaume de Paris commence son enquête. — Mode de procéder. — Cent quarante Templiers, détenus au Temple de Paris, sont interrogés du 18 octobre au 24 novembre 1307. — Contradictions étranges entre les déclarations consignées aux procès-verbaux des inquisiteurs et celles reçues en 1309, 1310, du chef des mêmes témoins, par la grande commission d'enquête instituée par le Pape. — Comparaison des déclarations des Frères Raynier de l'Archent, Jean de Tortavilla, Guillaume de Giaco ou de Gii, Pierre de Safet, Pierre de Arbleyo, Jean de Elemosina, Stéphane de Domont, Pierre de Blésis, Pierre de Bononia, Hugo de Payrando, Pierre de Bocli, Radulphe de Gysi. — Déclarations de Molay devant Guillaume de Paris.

Chapitre 20

Clément V est averti par la rumeur publique de ce qui se passe à Paris et dans les provinces. — Son indignation. — Sa lettre à Philippe le Bel, du 27 octobre 1307. — Il enjoint au Roi de remettre les Templiers aux mains de deux cardinaux qu'il lui envoie, Bérenger de Frédol et Etienne de Saint-Cyriace. — Le Pape enlève leurs pouvoirs aux inquisiteurs. — Philippe ne tient aucun compte de la lettre de Clément V ; les inquisiteurs continuent leur besoigne à Paris. — Arrestations opérées à Pamiers, Bigorre, Carcassonne, Nimes, Beaucaire, Troyes, Pont-de-l'Arche, Bayeux et Caen. — Interrogatoires. — Ancienne commanderie du Temple à Rouen, rue Saint-Éloi, rue des Hermites. — Commanderie principale de Sainte-Vaubourg. — Host de Sainte-Vaubourg à Rouen, rue Saint-Eloi. — La Monnaye de Rouen. — La Vieille Romaine. — Le grenier à sel. —Cens, revenus, maisons des Templiers à Rouen. — Procès-verbal des inquisiteurs de Caen. — Templiers des commanderies de Baugy, Bretteville-la-Rabelle, Voismer et Corval. — De Bullens ou Bullex, commandeur de Voismer, mis à la torture. — Il sera brûlé en 1310. — Gracieux accueil fait par Philippe le Bel aux deux cardinaux envoyés vers lui par Clément V. — Lettre de Philippe au Pape, du dimanche avant Noël 1307.

Chapitre 21

Soixante-douze Templiers sont conduits à Poitiers devant Clément V; ils passent des aveux. — Délibération des maîtres en théologie de Paris du 25 mars 1307. — Le Roi convoque les états généraux à Tours pour le 14 avril 1308. — Lettre de Philippe le Bel, du 25 mars 1307, aux communes. — Lettre du Roi, du 26 mars, au clergé et aux grands feudataires. — Le Roi arrive à Tours le 11 mai 1308. — Séance des états généraux du 10 juin. — Les Templiers sont déclarés coupables; les députés déclarent que les Frères du Temple méritent la mort. — Philippe le Bel se rend à Poitiers auprès de Clément V, avec une partie des députés. — Molay mis en présence du Pape et du Roi, qui lui signifient leurs volontés. — Clément V hésite encore; il veut se borner à réformer l'Ordre du Temple. — Menaces du Roi de reprendre le procès à la mémoire de Boniface VIII. — Le Pape est forcé de composer.

Chapitre 22

Dubois avocat du Roi à Coutances. — Ecole de droit d'Orléans; les principes qu'elle professe. — On fait circuler à Poitiers trois libelles ou mémoires diffamatoires contre le Pape, attribués à Dubois. — Extraits de ces curieux mémoires. — Attaques contre Clément V et contre les Templiers. — Bernard de Farges, neveu du Pape, archevêque de Rouen. — Grande prise faite par Bernard de Farges; coupes dans les forêts de l'Eglise de Rouen. — Népotisme. — Délibération des chanoines du de Rouen, du mercredi après la Saint-Michel 1308.

Chapitre 23

Clément V, inquiété par l'affaire des Templiers et par les menaces de Philippe le Bel, demande conseil au cardinal de Prato. — Influence de ce cardinal. — Mort de l'empereur Albert, le 1er mai 1303. — Conseil donné au Pape par le cardinal de Prato. — Lettre du doyen du Sacré Collège à l'électeur, archevêque de Cologne. — Mémoire de Dubois, qui conseille à Philippe le Bel de faire investir Charles de Valois de l'Empire par Clément V, de supprimer les électeurs, de prendre au Pape tout le patrimoine de l'Eglise. — Agissements de Philippe le Bel et de Charles de Valois. — Lettre du Roi aux chevaliers Gérard de Landry, Pierre Barrière et Hugues de la Celle. — Emploi d'une somme de 10 500 livres tournois pour préparer l'élection de Charles de Valois. — Texte de la reconnaissance de cette dette souscrite par Charles de Valois, en date du 10 juin 1308. — Clément V et le cardinal de Prato traversent secrètement les projets de Philippe le Bel et de Charles de Valois. Pourquoi ? — Élection d'Henri de Luxembourg. — Portrait et caractère de ce prince par Dino Compagni. — Philippe le Bel perd l'occasion de gagner l'Empire. — Le Pape ne veut pas donner au monde un maître dans la personne de Philippe le Bel.

Chapitre 24

Philippe avait quitté Poitiers à la fin de juin 1308. — Textes du compromis intervenu entre Clément et le Roi au Sujet des Templiers et de leurs biens. — Choix de Guillaume de Plasian pour terminer les négociations. — Condescendances de Pierre de la Chapelle, évêque de Préneste, nonce du Pape. — Le Pape et l'Eglise ne pouvant garder les Templiers, ceux-ci resteront sous la garde de Philippe le Bel, ainsi que les biens de l'Ordre. — Personnel, composition des commissions d'enquête. — Clément V prescrit aux souverains d'arrêter tons les Templiers. — Détail et résumé des négociations intervenues entre le Roi et Clément à Poitiers, au cours des mois de juin et juillet 1308, au sujet de l'affaire du Temple.

Chapitre 25

Clément V s'était réservé d'examiner les grands de l'Ordre. — Mission confiée aux cardinaux Bérenger, Etienne et Landulphe de Saint-Angeli. — Molay transféré de Corbeil à Poitiers, et de Poitiers à Chinon. — Les cardinaux reçoivent à Chinon les confessions du grand maître et des grands de l'Ordre, auxquels ils font entrevoir leur grâce. — Ils donnent à Molay et à ses frères l'absolution, leur rendent la communion, les admettent aux sacrements. — Lettre des cardinaux à Philippe le Bel. — Création des commissions d'enquête, leur composition. — Curieuse bulle de Clément V, du 12 août 1308. — Le Pape exalte la vertu de Philippe, son désintéressement, son orthodoxie. — Exercices de piété de Philippe le Bel.

Chapitre 26

Le Pape prend le parti de transférer le Saint-Siège à Avignon. — Retour du Pape à Bordeaux, au mois d'octobre 1308. — Clément prescrit à Charles II, comte de Provence, d'arrêter tous les Templiers. — Lettres de Charles II à ses juges, viguiers et officiers. — Arrestation des Templiers, condamnations, bûchers. — Confiscation des biens. — Charles II fait part à Sa Sainteté, son suzerain, des meubles confisqués. — Irritation en Provence contre Charles II — Clément s'installe à Avignon, fin avril 1309. — Philippe de Marigni, archevêque de Sens. — Grand intérêt porté par le Roi à cette nomination. — Question des biens du Temple. — Elle est agitée même avant la condamnation de l'Ordre. — Clément veut donner les immeubles aux chevaliers de l'Hôpital. — Cette proposition n'est pas du goût du Roi. — Nouveau mémoire de Dubois proposant à Philippe le Bel de faire nommer en secret par le Pape son second fils comme roi d'Accon, de Babylone, d'Egypte et d'Assyrie, et de lui faire adjuger les biens du Temple. — Projet de croisade. — Les ambassadeurs du roi des Romains reçus en grande pompe à Avignon. — Mécontentement de Philippe le Bel. — Le Roi remet en question le procès à la mémoire de Boniface. — Comment se termina cette affaire. — Hésitations des commissions d'inquisition. — Réponse de Clément V.

Chapitre 27

Fonctionnement des commissions d'enquête contre les personnes. — Conciles de Sens, Senlis, Rouen, Nîmes, Provence, Languedoc, Bologne, Pise, Florence, Ravenne, Espagne, Aragon, Salamanque, Mayence, Londres. — Composition de la grande commission d'enquête contre l'Ordre. — Philippe de Voheto, prévôt de l'église de Poitiers, et Jean de Jamvilla, huissier d'armes de Philippe le Bel, préposés à la garde des Templiers. — Documents inédits.

Chapitre 28

La grande commission d'enquête contre l'Ordre se constitue en tribunal le samedi 22 novembre 1309, dans la chapelle de l'évêque de Paris, à Notre-Dame. — Du 22 novembre au 28 mars 1309, six cent trente-huit Templiers comparaissent devant les commissaires. — Cinq cent soixante environ déclarent qu'ils veulent défendre l'Ordre. — Ils deviennent parties au procès. — Le 22 novembre, comparution de l'ex-Templier Jean de Mélot. — On a confondu Jean de Mélot avec Jacques Molay, le grand maître. — Cause de cette erreur. — Molay comparut trois fois devant la commission : 1° le mercredi 26 novembre; 2° le vendredi 28 novembre; 3° le lundi 2 mais 1309. — 26 novembre, première comparution de Molay; ses hésitations ; on lui offre le délai qui lui conviendra pour se décider à défendre ou à ne pas défendre. — Indignation de Molay à la lecture de certaines pièces du procès. — Il demande jusqu'au 28 novembre pour réfléchir. — Dénuement dans lequel Philippe le Bel laissa le grand maître. — 27 novembre, comparution du Templier Ponzardus de Gisiaco. — Il a été mis à la torture. — Son odieuse dénonciation contre les maîtres et les précepteurs de l'Ordre. — Concert organisé dans les prisons entre un certain nombre de Templiers et les gardiens. — Déclaration du Templier Aymo de Barbona ; il a été torturé; supplice de l'eau. — Déclaration de Jean de Furno, dit Tortavilla ; il a été torturé. — 28 novembre, seconde comparution de Molay; il refuse de défendre l'Ordre devant la commission, et demande à être conduit devant Clément V, son seul juge. — Sa profession de foi. — Intervention étrange du garde des sceaux Nogaret. — Interpellations de Nogaret adressées au grand maître. — Fières réponses de Molay. — On cherche par tous les moyens à déshonorer le grand maître. —Ajournement de la commission au 6 février 1309. — 13 février, comparution du Frère Jean de Barro; il a été torturé. — Jacques de Sanci, ses plaintes. — Vingt-cinq Templiers de son groupe sont morts à la suite de la question et de la toiture. — Bernard de Saint-Paul; termes curieux de sa protestation. — 14 février, rétractations énergiques des Templiers de Carcassonne, Gazerandus de Montepassato, Johannes Costa, Stephano Trobati, Defore Agula, Dorde Jafet, Raymundus Finel ; ils protestent qu'ils ont menti devant le Pape, à Poitiers. — Le Templier Cathiaco remet aux mains des commissaires une lettre que l'on faisait circuler dans les prisons. — Cachet de cette lettre. — Attitude déplorable des gardiens de Voheto et Jamvilla. — 17 février 1309, comparution du Frère Adhémar de Sparros ; il se rétracte; il déclare qu'il a menti devant le Pape, à Poitiers. — Le Templier Bernard de Vado; il a été torturé, ses pieds ont été brûlés au feu; il montre aux commissaires les os tombés de ses talons sous l'action des flammes. — 20 février, énergiques protestations du chevalier de Caus. — 2 mars 1309, troisième comparution de Molay; il persiste à demander son renvoi devant Clément V; il refuse définitivement de défendre l'Ordre devant la commission.

Chapitre 29

Le 28 mars 1309, les commissaires font donner lecture, dans le jardin de l'évêque de Paris, des chefs d'inculpation. — Présence des Templiers qui ont déclaré vouloir défendre. — Leurs protestations contre les faits articulés. — Texte des chefs d'inculpation, au nombre de 117. — Définition, but, résumé de l'articulation. — On a voulu envelopper l'Ordre et ses membres dans un vaste procès d'hérésie, entraînant la condamnation de l'Ordre et la confiscation des biens.

Chapitre 30

Les Templiers sont sommés de choisir des mandataires pour défendre devant la commission d'enquête. — Cédule présentée par Raynald de Pruino et Pierre de Bononia, au nom de leurs adhérents. — Mise en demeure, parc les de l'archevêque de Narbonne et de l'évêque de Bayeux. — 1er avril 1309, les notaires de la commission se rendent dans les lieux où se trouvent détenus les Templiers, pour recevoir leurs déclarations. — Les divers quartiers et rues de Paris au quatorzième siècle. — Emplacement des rues, portes, ponts, places, établissements, édifices accèdes par les notaires. — Les Templiers refusent de constituer mandataires avant de s'être concertés avec leur grand maître. — Cédule dictée aux notaires par Pierre de Bononia. — Cédule du Frère Hélias Aymeric, modèle d'orthodoxie et de douce piété. — Cédule de Raynald de Pruino, du 1er avril 1309. — Exceptions soulevées. — Cédule d'un groupe de Templiers détenus à Saint-Martin des Champs. — Les Frères entendent défendre en personne, chacun pour soi, devant la commission et au concile général. — Ils défendront la religion du Temple contre quiconque jusqu'à la mort, — Ils demandent à se concerter avec Godefroy de Gonaville, Guillaume de Chambonnet de Blandésio, Guillaume de Bléri de Chantalonne, Pierre Maliane, Hélias Aymeric et Pierre de Longni. — Réponse ironique de treize Templiers détenus à la maison Ocréa.

Chapitre 31

3 avril 1309, comparution et cédule de Jean de Montréal. — Le Temple possédait une relique de sainte Euphémie et d'autres reliques sacrées, — Les Frères déclarent qu'ils combattront à mort tout homme qui osera attaquer la religion du Temple, à l'exception du Roi et du Pape. — Cédule remise à la commission par le gardien Colard d'Evreux, au nom d'un groupe de Templiers. — Cédule présentée le 4 avril par un autre groupe de détenus. — Leurs plaintes. — On les laisse toutes les nuits dans une fosse obscure, accouplés deux à deux. — Leur état de pénurie. — Ce qu'ils sont forcés de payer pour se faire fergier et desfergier. — Leurs gages. — Proposition faite par l'évêque de Bayeux, au sujet du choix des mandataires. — Nouvelles difficultés. — Les Frères finissent par consentir à ce que de Pruino, de Bononia, Chambonnet et de Sartiges présentent toutes observations devant la commission, mais sous toutes réserves. — Cédule de Bononia. — Moyens et exceptions. — Revendication des privilèges de l'Ordre. — Extraits d'une deuxième cédule produite le 7 avril par le Frère de Montréal. — Réponses des commissaires.

Chapitre 32

Première phase de l'enquête, du 11 avril 1309 au 30 mai 1310.— Les Frères de Pruino, de Bononia, de Chambonnet et de Sartiges sont agréés par la commission comme défenseurs officieux, et non pas comme parties au procès. — Prestation de serment des témoins. — Procédure. — Dépositions interrogatoires. — L'évêque de Bayeux se rend à Rouen pour siéger au concile de Pont-de-1'Arche, présidé par l'archevêque de Rouen, Bernard de Farges. — 23 avril 1310, cédule des quatre défenseurs; ils offrent de prouver à l'instant même les manœuvres, les violences physiques et morales employées contre les Frères dans le but de leur arracher des aveux mensongers. — Ils demandent qu'on leur délivre copie des chefs d'inculpation. — De même pour les noms des témoins. — Argument tiré du défaut de libre arbitre. — Supplice infligé au Frère Gérard de Pasagio par le bailli de Mâcon.— Le Frère Consolin de Sancto-Jorio a été appliqué à la question pendant un an, mis au pain et à l'eau, exposé sans vêtements au froid pendant six mois. — Le Frère Raymond de Vassiniacho torturé. — Le Frère Baudoin de Sancto-Justo appliqué à la question à Amiens. — Le Frère Gilet de Encreyo torturé à Paris.— Déposition du Frère Jacques de Trécis. —La figue, marisca, l'tcryaç, Eucharistie des manichéens. — Echecs subis par l'instruction.

Chapitre 33

10 mai 1310, allure émouvante de l'enquête. — Les quatre défenseurs de l'Ordre sont conduits d'urgence devant la commission. — Ils signalent que l'archevêque de Sens doit réunir le 11 mai un concile provincial pour juger les Templiers qui se sont offerts à la défense. — Ils en appellent au Pape ! — Réponse de l'archevêque de Narbonne. — Cédule présentée par les quatre défenseurs. — Le but de l'archevêque de Sens est d'entraver l'enquête, de la rendre impossible. — Les Templiers en appellent à l'Apostole et au Sacré Collège; ils demandent à être conduits devant le Pape. — Dépôt de l'acte d'appel sur la table de la commission. — L'archevêque de Narbonne, après la lecture de cet acte, s'esquive, sous le prétexte d'aller dire ou entendre la messe. — Raisons de l'embarras de ce prélat. — Compassion témoignée aux Templiers par les membres de la commission. — Elle n'y peut rien. — L'archevêque de Narbonne s'abstient de siéger, du 10 au 18 mai. — Lundi 11 mai, interrogatoire du Frère Humbert de Podio. — Il a été appliqué à trois reprises différentes à la question par Jean de Jamville, et un nommé Peyto, parce qu'il refusait d'avouer ce qu'ils voulaient. — Mardi 12 mai, les commissaires sont avertis que cinquante-quatre Templiers vont être conduits au bûcher. — La commission députe Philippe de Vohet et l'archidiacre d'Orléans à l'archevêque de Sens pour l'inviter à surseoir à l'exécution. — Signification de l'acte d'appel. — Mercredi 13 mai, comparution du Templier Villars-le-Duc, scène terrible devant la commission. — Les commissaires décident qu'il y a lieu de surseoir à l'enquête jusqu'au 18 mai. — 18 mai, la commission députe une deuxième fois Philippe de Vohet et l'archidiacre d'Orléans à l'archevêque de Sens, qui a fait arrêter l'un des quatre défenseurs, de Pruino, pour le juger. — 18 mai, nouvelle absence de l'archevêque de Narbonne. — Députation des chanoines Pierre de Massa, Michel Mauconduit, Jean Coccard, envoyée à la commission par l'archevêque de Sens. — Echange de paroles amères. — La commission proteste que l'acte d'appel au Pape daté du 10 mai (dimanche) a été signifié le mardi 12 mai, à la première heure. — Affirmations de Philippe de Vohet et de l'archidiacre d'Orléans. — Conduite inqualifiable dos archevêques de Narbonne, de Sens, et de l'évêque de Preneste, charges de la garde des Templiers. — Ces évêques ne devaient pas laisser exécuter les Templiers sans en avoir référé au Pape.

Chapitre 34

Après la décision du concile de Sens, le bras séculier s'étend sans délai. — Cinquante-quatre Templiers sont brûlés, le 12 mai 1310, au moulin à vent de Paris. — Description de l'emplacement. — D'autres Frères sont condamnés au mur perpétuel, dégradés, excommuniés. — Le 16 mai, quatre autres Frères sont brûlés au même lieu. — Neuf autres Templiers brûlés à Senlis, condamnés par le concile de Senlis, sous la présidence de l'archevêque de Reims, Robert de Courtenay. — Parmi eux, les Frères Clément Grandi Villarli et Lueha de Sornoy. — Les chairs et les os de tous ces hommes Sont ramenés en poudre. — Philippe le Bel fait exhumer les ossements du Frère Hubert, constructeur de la tour du Temple, et les fat brûler comme étant ceux d'un hérétique. — Noms de quelques Frères recueillis dans l'enquête, condamnés au mur perpétuel, dégradés, excommuniés. — Noms de quelques-uns qui furent brûlés à Paris. — Bulle du Pape du 12 avril 1309, qui renvoie l'ouverture du concile général de Vienne au 1er octobre 1311. — L'enquête fut prorogée du 30 mai 1310 au 3 novembre suivant.

Chapitre 35

En 1310, les Templiers sont condamnés par les conciles de Sens (Paris), de Senlis (Reims), de Pont-de-1'Arche (Rouen). — Rien dans l'enquête concernant le concile de Pont-de-1'Arche. — Renseignements incomplets fournis par Guillaume Bessin. — Ce concile fut présidé par Bernard de Farges, archevêque de Rouen, neveu de Clément V. — Les Templiers de Pont-de-L'Arche (milites) furent condamnés au feu. — Les actes de ce concile ont disparu. — Les Frères sont absous au concile de Ravenne. — A Pise, à Florence, ils sont appliqués à la question et passent des aveux; ils sont condamnés. — En Sicile, en Provence, ils sont brûlés. — En Aragon, les Templiers prennent les armes ; ils se défendent, ils sont vaincus ; renvoyés devant le concile de Salamanque, ils sont reconnus et proclamés innocents. —A Mayence, ils se rendent en armes au milieu du concile; on n'ose pas les condamner. — Hugues de Waltgraff. — Au concile de Londres, ils sont condamnés à la pénitence perpétuelle. — Versés dans divers monastères, ils édifient par leur piété. — Ils déclarèrent au concile de Londres qu'ils ne pouvaient s'eapurgier. — Qu'entendait-on par ces mots s'espurgier après négative. — L'alibi, la preuve par accident. — Concile tenu à Nîmes au mois de juin 1310. — Le curé de Saint-Thomas de Durfort, Guillaume Dulaurens, inquisiteur. — Interrogatoire des trente-trois Templiers arrêtés en 1307, détenus au château royal d'Alais. — 29 août 1311, nouveaux interrogatoires. — Guillaume Dulaurens fait appliquer les détenus à la torture et obtient certains aveux. — Question modérée et question immodérée. — Déclarations passées par Bernard de Salgues, commandeur de Saint-Gilles, et par le Frère Bernard de Silva. — Effets produits par la toiture et les douleurs physiques. — Ces deux Templiers avouent qu'ils ont vu le diable sous la figure d'un chat qui parlait, qui répondait à toutes les questions en plein . — Ils ont vu des démons sous la forme de femmes. — Tous ces Templiers furent épargnés. — Le 9 novembre 1312, ils reçurent l'absolution, ils furent admis à la communion.

Chapitre 36

Seconde phase de l'enquête, du 3 novembre 1310 au 26 mai 1311. — La commission se réunit le 3 novembre à Sainte-Geneviève, dans la chapelle de Saint-Eloi. — Les Frères de Chambonnet et de Sartiges demandent ce que sont devenus leurs collègues de Pruino et de Bononia, qui ont disparu. — Réponse des commissaires. — De Pruino et de Bononia seraient revenus à leurs premiers aveux; de Bononia aurait brisé sa prison et pris la fuite; de Pruino a été condamné, dégradé, il n'a plus capacité pour défendre. — Les Frères de Chambonnet et de Sartiges se retirent, en disant qu'ils n'assisteront plus aux dépositions des témoins. — Suppression de la défense. — Le 17 novembre, la commission transporte le lieu de ses séances à l'hôtel de l'abbé de Fécamp, rue de la Serpent. — L'enquête est reprise le 18 décembre 1310. — Témoins entendus ayant passé des aveux après avoir subi la question, ou s'étant désistés de la défense après le concile de Sens, ou réconciliés avec l'Eglise. — Suite des dépositions, interrogatoires, suggestions. — Mensonges. — Aveux arrachés par la torture. — Rétractations.

Chapitre 37

Du 11 avril 1309 au 26 mai 1311, la commission d'enquête aura entendu deux cent trente et un témoins, parmi lesquels six témoins non Templiers, en tout deux cent vingt-cinq Frères. — Deux cent sept avouèrent le reniement de Jésus-Christ de bouche et non de cœur et le crachement vers la croix. — Seize protestèrent. — Cent cinquante-trois nièrent l'excitation aux mauvaises mœurs. — Deux d'entre eux déclarèrent qu'en entrant dans l'Ordre, on les menaça des peines terribles de la règle contre les actes impurs. — Soixante-douze avouèrent ces excitations, en protestant que jamais ils n'avaient accompli ces actes odieux. — Tous nièrent l'adoration d'un chat. — Deux cent dix-neuf nièrent avoir vu une idole. — Six seulement déclarèrent avoir vu une tête (capud), soit lors de leur réception, soit dans un . — Tous affirmèrent que l'on croyait dans l'Ordre à la divinité de Jésus-Christ, aux sacrements de l'autel et de l'Eglise. — Jamais les chapelains n'omettaient de prononcer à l'autel les paroles du canon. — Le grand maitre laïque ne donnait pas l'absolution des péchés. — Les cordelettes étaient reçues et portées en signe de chasteté. — Suggestions. — Les Frères amenés à faire des aveux pour sauver leurs corps, l'Ordre étant condamné d'avance. — Série de preuves résultant de l'enquête. — Les Templiers préféraient la mort à l'apostasie; l'Ordre n'était rien sans Jésus-Christ et sans l'Eglise. — Arguments tirés de la cédule du Frère de Montréal opposés à l'opinion émise par le chroniqueur Augerius de Béziers (de Biterris).

Chapitre 38

Audience du 5 février 1310, les commissaires ordonnent une perquisition dans les bâtiments du Temple. — Déposition du Frère Jean de Turno. — Déposition de maître Sycus de Vercellis, notaire de la commission. — Origine d'une tête diabolique dont il a entendu parler. — Déposition du Frère Bartholomée de Bocherii. — La tête qu'il a vue dans la petite chapelle du Temple de Paris est semblable à celle qu'on appelait la tête du Temple (magnum pulchrum capud Templi). — Description de cette tête, vue au Temple de Paris par le Frère Bartholomée. — Reliquaire en forme de tête. — Déposition du Frère Prêcheur de Palude. — Déposition du Frère Pierre de Nobiliac.

Chapitre 39

Audience du 11 mai 1311, comparution de Guillaume Pidoie, préposé à la garde du Temple de Paris. — Dépôt, sur le bureau des commissaires, d'une grande belle tête « magnum pulchrum caput » qu'il a trouvée au Temple. — Description de cette tète n° 58. — On disait que c'était celle d'une des onze mille vierges. — Cette pièce à conviction est mise sous les yeux du Frère Guillerme de Herbleyo. — Ce témoin déclare que ce n'est pas la tête dont il a parlé; qu'au surplus il n'est pas bien sûr d'avoir vu une tête au Temple. — Conséquences de la découverte de cette relique en forme de tête. — Elle ne ressemble en rien à l'idole des manichéens, au Mété. — Aucun Frère n'a pu donner la description du Mété. — Déposition du Frère Hugues de Fauro. — Tête magique. — Destruction des Griffons, habitants de l'île de Chypre. — Funestes effets de la curiosité d'une femme. — Déposition du Frère Guillaume Aprilis. — Tête dangereuse du détroit de Satalie. — Déposition du Frère Pierre Maurini ; celui qui l'a reçu dans l'Ordre lui a dit que le capud était la tête de saint Pierre ou de saint Biaise. — Déposition du Frère Gofridus de Gonavilla. — Le chef d'inculpation relatif aux cordelettes croule avec celui de Catu et de idolis. — Origine de la cordelette, tradition. — Déposition du Frère Guy Dauphin. — Reliques. — Têtes de saint Polycarpe et de sainte Euphémie. — Des coulpes et des infractions à la discipline. — Droits du grand maître. — Molay n'a jamais pratiqué la confession sacramentelle. — Il n'a jamais donné l'absolution des péchés. — L'hospitalité et l'aumône largement pratiquées ; déposition du Frère Philippe Agate, de la maison de Sainte-Vaubourg. — La grande commanderie de Renneville.

Chapitre 40

Reniement de Jésus-Christ. — N'était pas général dans l'Ordre. — Epreuve détestable imposée au profès, lié par son serment d'obéissance passive et d'abnégation. — Reniement de bouche et non de cœur. — En raison de la résistance du profès, on jugeait qu'il ne consentirait jamais à apostasier s'il tombait entre les mains des infidèles. — L'épreuve se retournait contre les ennemis de la foi. — Les prêtres réguliers et séculiers qui confessaient les Templiers semblent l'avoir compris ainsi. — L'épreuve n'avait aucune suite pour la foi. — Reniement fictif. — Les récepteurs le savaient bien. — Leurs discours. — L'épreuve du reniement n'était qu'une plaisanterie, « trupha » ; un jeu, « jocus », que les récepteurs faisaient subir au profès. — Dépositions des Frères Hugues de Calmonte, Pierre Picart, Jean de Elémosina, de Chéruto, Odo de Buris. — Renaît de Bort. — Bertrand Guast. — Reniement du prophète, ou du faux prophète. — Les uns croient qu'il s'agit do Josué. — D'autres croient qu'on reniait à l'exemple de saint Pierre, qui avait renié trois fois son maître. — Dépositions des Frères Masnalier et de Gonavilla. — Baisers grossiers. — Preuve d'humilité. — Abus indécents. — Grossièretés de moines. — Brimades.

Chapitre 41

Concile de Vienne; 1re session du 16 octobre 1311. — Discours d'ouverture. — L'Ordre du Temple n'avait pas été cité. — La majorité des Pères refuse de juger. — Embarras de la cour de Rome. — Un évêque italien, les archevêques de Reims, de Sens, de Rouen, le Pape et les cardinaux veulent passer outre. — Résistance de la majorité. — Elle se retranche derrière cette exception : l'Ordre n'a pas été cité, « quod dictus ordo non fuerat vocatua. » — Les Templiers avaient toujours déclaré qu'ils se présenteraient en personne, ou par fondés de pouvoirs, devant le concile général. — Dans une session du mois de novembre, sept Templiers se présentent pour défendre, et deux autres quelques jours après. — Clément V les fait arrêter et jeter en prison. — Suppression définitive de la défense. — Lettre de Clément V à Philippe le Bel. — Le concile traîne en longueur. — Philippe convoque encore une fois les Etats généraux à Lyon pour le 10 février 1311. — Lettres du Roi à cet effet aux consuls de Narbonne, Montpellier et Nîmes. — Efficacité de cette mesure. — Expédient proposé par l'évêque de Monde, Durand. — Hésitations. — La majorité du concile laisse au Pape la responsabilité de l'expédient proposé. — Le 11 des calendes d'avril 1311, Clément V se décide à abolir, casser l'Ordre du Temple, en vertu de son autorité pontificale. — Le 12 avril 1312, le Roi, son frère Charles de Valois, et ses fils, prennent séance au concile. — Le Pape prononce en leur présence une sentence d'abolition. — L'Ordre du Temple ne fut ni jugé, ni condamné en jugement. — Conséquences de In sentence de Clément V. — Les immeubles de l'Ordre échappent à la convoitise de Philippe le Bel. — Sa déception. — Réflexions.

Chapitre 42

Après le concile de Vienne, les Templiers sont jugés d'après leurs actes personnels. — Les conciles provinciaux eurent pleins pouvoirs. — Tortures, supplices, condamnations à la prison affligent ceux qui refusent d'avouer ou qui se sont rétractés. — Pensions, subventions, secours accordés à ceux qui ont refusé de défendre et qui ont passé des aveux. — Exactitude des faits relevés en la cédule du Frère de Bononia, des 23 mars et 1er avril 1310. — Misère des Templiers qui ont échappé. — Jugement du grand maître Molay, des précepteurs de Normandie, de Poitou et d'Aquitaine, et du grand visiteur Payrando. — Les légats de Clément V; leurs noms; leurs adjoints. — Molay et ses compagnons sont condamnés à la prison perpétuelle. — Iniquité de ce jugement. — Journée du 18 mars 1313, le lundi après la fête de saint Grégoire. —Échafaud dressé devant le parvis de Notre-Dame. — Lecture de la sentence. — Protestations de Molay et du maître de Normandie, Gaufridus de Charneio; ils prennent à partie les cardinaux et Philippe de Marigny, archevêque de Sens, qui étaient présents. — Ils soutiennent qu'ils n'ont passé d'aveux que par complaisance pour le Pape et pour le Roi. — Ils se rétractent. — Ils sont livrés au prévôt de Paris. — Le Roi assemble son conseil, et sans soumettre Molay et de Charneio au jugement du tribunal ecclésiastique, il est déridé qu'ils seront brûlés, à l'heure de vêpres, dans l'île du Palais. — Ledit jour, à l'heure fixée, Molay et son compagnon sont brûlés en la présence du Roi, dans son jardin du Pallais, en l'île aux Juys. — Protestations d'innocence jusqu'au dernier soupir. — Description de l'ile aux Juys. — Stupeur, émotion dans Paris. — Le peuple se rue sur le bûcher, recueille les cendres des martyrs et les emporte. — Chacun se signe et ne veut rien entendre. — Indignation qui s'élève dans toute l'Europe. — Concile de Narbonne. — Bernard de Farges. — Belle conduite du roi de Majorque.

Chapitre 43

Aperçu général des valeurs provenant des biens du Temple, dont Philippe le Bel, sa femme, leurs enfants et Charles de Valois, frère du Roi, ont profité. — Pillage. — Revendications. — Compositions.

Chapitre 44

Table des matières


Sources : M. Lavocat : Librairie Plon, E, PLON Nourrit et Cie, Imprimeurs-Editeurs, rue Garancière, Paris 1888.

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